Le pouvoir du récit

Il est 21h00 et je viens de terminer la lecture d'Anne à mes deux filles (9 et 5 ans). Vers 20h00, après la vaisselle, les filles m'ont demandé la lecture au lit. Étant donné que la grippe nous a fait prendre du retard, nous n'en sommes qu'à la moitié du livre Anne la maison aux pignons verts. Au départ, les filles écoutaient, mais se laissaient distraire assez facilement. Puis, une fois les personnages bien campés et que les péripéties ont commencé à se succéder (Dieu sait qu'il y en a quelques-unes), elles sont devenues plus attentives et veulent que je poursuive la lecture au-delà de ce qui était prévu au départ (1 à 2 chapitre par jour). Elles connaissent maintenant les habitudes de la petite orpheline, ses penchants pour l'imaginaire et sa recherche de l'âme soeur. C'est donc avec beaucoup d'entrain et de hâte, que les deux cocottes se sont précipitées dans le lit (les deux dans le même lit), en apportant le livre avec elles. Puis, j'ai commencé la lecture avec le plus d'émotion et d'intonation que je le pouvais. Je voyais mes filles sourire, essayer de deviner les paroles, s'exciter en supposant que c'était Gil..(oups! elle a juré de ne jamais prononcer son nom) .qui avait offert les dites fleurs à Anne: ¨Ho! maman, est-ce qu'il l'aime?¨ Puis, quelques minutes plus tard, je réalise que ma petite s'est endormie, toujours les lunettes sur le nez, collée sur sa grande soeur qui écoute toujours, les yeux légèrement somnolents. Puis le chapitre se termine:¨continue maman svp, je veux savoir ce qui arrive dans le prochain chapitre.¨ Je poursuis la lecture du chapitre qui n'est pas très long. Heureusement, car c'est avec le sourire qu'elle s'est finalement endormie à son tour. Je ne me rappelle pas un soir où cela m'est arrivé. Voir mes filles s'endormir sur une histoire, le sourire aux lèvres, probablement en imaginant la scène dans leur tête. Un ami nous a dit, il y a plusieurs années, qu'on devrait toujours lire à nos enfants, même si ceux-ci sont en âge de lire seuls, car les bienfaits étaient indéniables et favorisait le goût pour la lecture. Je l'ai toujours fait, sans savoir réellement, mais en me disant que ça ne devait pas faire de mal. Je vois aujourd'hui dans les yeux de mes filles, l'immense joie qu'elles en retirent. Les abandonner dans les bras de Morphée de cette façon? N'importe quand.